EL-BIAR
Vers Saint-Raphaël
Retour El-Biar
Vers Avenue Clémenceau
Vues générales
Dernière mise à jour le 28 septembre 2005
En 1890, Alger avait déjà une banlieue des plus étendues. De jolis villages et même des petites villes d'aspect tout européen lui formaient une ceinture verdoyante comme n'en possède aucune des grandes villes de l'Afrique du Nord. Le plus joli peut-être de ces villages algérois, c'était El-Biar, où des corricolos et des tramways à chevaux vous montaient en une demi-heure, par des chemins passablement tortueux et malaisés, mais qui, à de certains paliers, vous ménageaient la surprise d'une vue admirable sur Bab-el-Oued et Notre-Dame d'Afrique, ou sur le port et le massif des hautes montagnes.
Cliquez sur les photos pour les agrandir

Vues générales

       
  Vue générale   Vue partielle   Vue générale  
       
  Vue du Village   Vue générale   Vue générale  
Louis BERTRAND, de l'Académie Française, "ALGER", Fernand Sorlot, éditeur (1938) :
El-Biar comptait quelques villas néo-mauresques, la plupart échelonnées le long du Chemin des Crêtes, qui domine Mustapha et le golfe. Rochegrosse y avait la sienne. Je crois bien qu'Albert Besnard y séjourna tout un hiver, et aussi Gros-Claude et l'ambassadeur Patenôtre. Un charmant écrivain, Mme Pilon-Fleury, pour qui les harems impériaux de la Stamboul Medjidienne n'eurent pas de secrets et qui en a tiré toute une série de romans plus colorés et plus curieux les uns que les autres, y avait aussi son délicieux Djenan-es-Saka. Toutes ces villas construites par des architectes qui connaissaient très bien le pays et ses antiquités, qui l'aimaient, qui s'y étaient établis, étaient de très heureuses adaptations de l'art et des styles mauresques aux exigences des habitudes et du confort européen. Décoration, disposition intérieure, aménagement extérieur, emplacement et cadre, tout était réglé et choisi par un goût scrupuleux et souvent parfait. En ce temps-là, on ne voyait, aux environs d'Alger, aucune des horreurs architecturales qui, depuis si longtemps, déshonorent la Côte d'Azur.
El-Biar était aussi un centre d'excursions des plus agréables. On allait, de là, à la Bouzaréa, le plus étonnant Belvédère de tout ce littoral d'Alger où les grands points de vue abondent : à cette hauteur, on ne voit plus que le ciel et l'eau. L'étendue n'est plus qu'une mer d'azur, où la terre ferme et les contours des rivages prennent des apparences nébuleuses. Certain matins d'extrême limpidité, c'est tellement radieux qu'on ne veut rien apercevoir du paysage environnant, ni de la couleur locale indigène qui s'offre dans sa nudité et dans sa misère : quelques gourbis, quelques blanches koubas, une petite mosquée, et, çà et là, des bouquets de palmier nains...
De l'autre côté d'El-Biar, en descendant vers la grande plaine agricole de la Mitidja, une foule de charmants villages, où conduisaient de petits chemins ombragés et alors solitaires. On longeait des olivaies, des haies toutes fleuries de roses sauvages, des massifs de figuiers et de chênes-lèges, des fourrés de grands roseaux à panaches, et, tout à coup, on tombait sur une jolie place campagnarde avec son abreuvoir, son église et sa mairie : un petit coin de France méridionale transplantée dans le Sahel Algérois. Des platanes géants couvraient toute la place, où l'on pouvait déguster à l'ombre, dans de petites tasses bariolées, le café brûlant du kaouadji. Je songe, en écrivant cela, à tous ces pittoresques villages du Sahel qui portent de si joli noms : Birmandreis, Kadous, Hydra, Tixeraïn... Terres de vignes, de cultures maraîchères, de cultures florales, celà sentait, suivant les saisons, le mimosa, la violette, l'iris, l'œillet ou le vin nouveau.