ETUDE HISTORIQUE SUR LA VILLE D'AUMALE - Période Française
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PERIODE FRANÇAISE - 6
-----"Sur la rive gauche de l'Oued Souffiat et à trois kilomètres environ du Bordj d'El-Kherroub, existe un mamelon de très difficile accès qui surplombe de cent mètres le lit du fleuve.
-----Le bach-agha Mokrani, pour mieux se rendre compte de la position de nos troupes, avait gravi à cheval ce mamelon, suivi de quelques fidèles. Arrivé au faîte, il mit pied à terre pour être moins en butte aux coups de feu de nos tireurs.
-----En face, à 700 mètres sur la Koudiat El Mesdour se trouvaient deux compagnies du 4° Zouaves, qui effectuaient des tirs de peloton sur un parti de rebelles ; tout à coup, Mokrani se prosterne la face contre terre, comme tout bon musulman, il tombe en prononçant la fameuse profession de foi : LA ILAH ILA ALLAH, Dieu est Dieu et Mohamed son prophète. Il avait le front percé d'une balle ; ses fidèles crurent un instant qu'il priait mais furent vite édifiés sur son sort ; son corps fut enlevé et fut inhumé dans la sépulture de sa famille à la Kalaâ des Beni-Abbès. Sa mort fut tenue cachée pendant deux jours ; la nouvelle enfin connue, ébranla la croyance des musulmans dans le succès de l'insurrection que l'on put désormais considérer comme vaincue".

-----Dans cette journée, il avait été tiré plus de cinquante mille cartouches et 6 ou 700 rebelles furent tués. De notre côté, nous eûmes 15 blessés et 2 tués.
-----Malheureusement l'insurrection n'était pas partout apaisée. La journée du lendemain 6 fut occupée à razzier et à brûler les tribus et villages des Ouled Sidi Salem, le reste de la journée à un repos bien gagné.
-----La route d'Alger à Aumale fut mise sous la protection des Caïds, et les militaires reprirent peu à peu. Jusqu'au 14, les opérations se continuèrent.
-----Le général Cérés, après avoir soumis les tribus environnant Palestro et reçu les otages se mit en route vers Aumale, le 14 mai à 5 heures du matin et arriva après de nombreuses fatigues au camp des Frênes, le 15 à 10 heures et demi, accompagné de quelques colons de Palestro qui avaient échappé au massacre et que leurs camarades venaient embrasser.
-----La colonne Lallemand rentrait à Aumale, le 16 mai sans incident, et après avoir pris du repos, continuait ses opérations.
-----Les évènements autour d'Aumale étant presque terminés, je ne suivrai pas dans leurs évolutions les colonnes Cérés. Lallemand. Trumelet, Fourchault.

-----La colonne du général Lallemand arriva à Alger le 2 août, avec un effectif de 2.200 hommes, 115 officiers, 50 chevaux et s'embarqua pour la France.
-----La colonne du lieutenant-colonel Trumelet vint la remplacer à Aumale, raccompagnant à Bou-Sâada un fort convoi de vivres et de munitions, composé de 900 chameaux et de 500 mulets. Cette colonne fut fondue dans celle du général Cérés arrivé à Aumale le 20 août. Quelques-uns de ses éléments regagnèrent leurs garnisons, le général Cérés fut maintenu à Aumale comme commandant les troupes et le lieutenant- colonel Trumelet comme commandant des garnisons d'Aumale et de Beni-Mançour.
-----La subdivision d'Aumale était à peu près pacifiée dans la première quinzaine d'octobre.
-----Par arrêté du 7 septembre 1871, la levée de l'état de siège était ordonnée pour toute l'Algérie.
-----Le 24 octobre, la subdivision d'Aumale était supprimée et relevait directement de celle d'Alger.
-----Le 19 février 1874, la partie occidentale du cercle de Bou-Sâada, qui faisait partie de la subdivision de Sétif, fut rattachée à celle d'Aumale.
-----Le 13 mars 1875, la circonscription militaire était érigée en subdivision et le 31 juillet 1887, elle était supprimée par décret et rattachée à celle de Médéa.
-----Quant aux fameux Ahmed El Mokrani, Bou-Mezrag, il fut fait prisonnier au combat de Rouissat. Jugé, condamné à mort le 26 mars 1875 par la cour d'assises de Constantine. Sa peine fut commuée en celle des travaux forcés à perpétuité, et il fut dirigé sur la Nouvelle Calédonie. Gracié en 1882 par mesure de reconnaissance pour la part active qu'il prenait en combattant avec les troupes françaises les Canaques révoltés dans l'île, obtenait enfin, en 1904, 1'autorisation de revoir le sol natal. Vieilli et fatigué, il mourait le 1l juillet 1905 à Orléansville, au sein de sa famille où il s'était retiré. Son corps repose au cimetière musulman du Hamma (Alger) à flanc de montagne et non loin de la fameuse grotte de Cervantes dans la Koubba de Sidi Abderrahmane Bou-Kobrin.
-----Après la soumission des tribus insurgées, celles d'Aumale, payèrent à elles seules, comme contributions de guerre, 668.000 francs, et avec celles de l'annexe des Béni-Mançour 1.230.000 francs.
-----L'ensemble des impositions de guerre pour l'insurrection a donné pour toute l'Algérie, un total de 8 millions en espèces, et 43 millions pour le rachat des terres confisquées.