ETUDE HISTORIQUE SUR LA VILLE D'AUMALE - Période Française
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PERIODE FRANÇAISE - 5
-----Le dimanche 16 avril eurent lieu sur le marché des Sen-Hadja (environs de Palestro) et le mercredi 19 sur le marché de l'Arba des Beni-Khalfun (également près de Palestro) une réunion des chefs et meneurs favorables à l'insurrection : c'est dans cette dernière réunion que fut décidée l'attaque du village de Palestro, qui eut lieu le 20 avril et qui dura quarante huit heures, après lesquelles l'aspect de la ville était lamentable ; toutes les maisons en partie détruites, les objets, meubles, etc., jetés pêle-mêle à terre. Détail navrant 46 victimes gisaient sans vie, tandis que d'autres disparurent sans que l'on n'ait jamais retrouvé leurs traces.
-----Le colonel Fourchault, qui dégagea Palestro, fit creuser sur la place et près de l'église, une immense fosse où furent inhumées ces malheureuses victimes. Un imposant monument commémoratif a été élevé depuis à cet endroit.
-----Le partage du butin fait à Palestro eut lieu le 22. Les tribus insurgées d'Aumale ainsi que celles de Palestro se portèrent vers Dra El Mizan, détruisant tout sur leur chemin : fermes, maisons cantonnières, lignes télégraphiques, etc...
-----La colonne se dirigea alors vers l'Alma (Boudouaou, en arabe), où elle livra un important combat à la suite duquel une vingtaine de prisonniers furent passés par les armes.
-----Bou-Mezrag à la tête d'un contingent fort de 2.000 hommes se dirigeait sur El-Esnam et faisait investir le Bordj de Béni Mançour.
-----Le général Cérez, avec un fort convoi se porta à sa rencontre. Le choc eut lieu le 20 à midi et demi dans les environs du bivouac, au col des Ouled Daoud, forêt du Kséna. Le feu très meurtrier dura jusqu'à deux heures et se termina par une brillante charge dirigée par le colonel Goursaud ; le goum sous le commandement du capitaine Cartairade, se montra très énergique. A la fin de l'affaire, le nombre des morts de l'ennemi se chiffrait par plus de 300 et 400 fusils, pistolets et sabres, furent ramassés sur le terrain.
-----De notre côté, nous comptions 2 tués, 13 blessés, le goum comptait un tué, un blessé,. 3 chevaux blessés et 1 tué.
-----La colonne quittait son bivouac le 19 à 6 heures du matin, après avoir fait une ample razzia d'orge dans les silos des Ouled Msellem et après avoir obtenu la soumission des tribus des Beni-Illmam. Elle se détourna de son chemin, pour détruire le Bordj qui était l'habitation de Bou-Mezrag, mais elle fut reçue à coups de fusil par des groupes de cavaliers, 250 environs, sous les ordres de Bou-Mezrag lui-même : nous -eûmes vite raison de cette attaque, les cavaliers laissant quelques blessés se dispersèrent, le Bordj fut détruit et incendié.
-----Le 23. la colonne campait à l'Oued O kriss, où elle trouvait le caravansérail abandlonné et détruit.
-----Le 25, elle rentrait à Aumale, à 9 heures du matin. Le 26, le Général Cérez partait par la traverse de la Baraque pour débloquer Bouira et Beni-Mançour. En arrivant, il apprenait que quelques tribus demandaient l'aman.

-----Le 28, personne ne s'était présenté au camp, le général, avec un effectif de 1.800 fantassins et cavaliers, livrait, à 8 km de Bouira, un important combat à l'endroit dit Dra Oum Errik, sur les contreforts du Djurdjura. L'ennemi comptait environ trois mille hommes : après 35 minutes de lutte il était délogé de ses positions à la baïonnette et fuyait laissant un grand nombre de morts, les villages indigènes environnants furent incendiés.
-----Le 27, le capitaine Cartairade, resté à Aumale, fit une reconnaissance avec 60 cavaliers, au camp de Téniet Ouled Daoud, où il se trouva en présence d'un ennemi vingt fois plus fort ; il crut plus prudent de ne pas attaquer et se replia sur Aumale.
-----Le 3 mai, la colonne Cérez quittait Ben Haroun et prit la vallée de l'Oued Soufflat où un fort contingent commandé par Mokrani en personne était signalé.
Le 4 au soir, l'ennemi fort de 8.000 à 10.000 hommes était aperçu aux environs de l'Oued Rekham, affluent de l'Oued Djemma, où le chef campait. Une partie de ces bandes était bien armée, le reste ne l'était que de bâtons, couteaux et autres armes de ce genre.
-----Malgré une forte nuit de pluie, l'ennemi ne cessa de nous harceler par des coups de feu qui ne portaient pas, mais qui maintenaient cavalerie et infanterie sur le qui-vive jusqu'à une heure du matin, moment où tout rentra à peu près dans le calme.
-----Deux heures après, la colonne, sans bruit, levait le camp et s'engageait sur la route qui remonte l'Oued Soufflat ; elle était encore à peu de distance de ce dernier quand les soldats d'arrière-garde remarquèrent un grand nombre de cavaliers qui les suivaient ; quelques coups de feu bien dirigés les mirent en déroute.
-----En apercevant plus loin, sur les hauteurs, qui séparent l'Oued Soufflat de l'Isser, un goum de 300 à 400 cavaliers, au centre duquel flottait un étendard que les indigènes prétendaient être celui de Mokrani ; après avoir été aperçu il disparaissait, la colonne continuait sa marche en avant, marche meurtrière paralysée par la mauvaise configuration du terrain ; elle cheminait ainsi que la cavalerie laissée en arrière-garde par un labyrinthe de couloirs et de chemins à travers les rochers et les bois.
-----Après huit heures de cette marche pénible ayant à répondre aux coups répétés d'un ennemi dix fois plus nombreux qu'elle et après avoir franchi 10 km seulement la colonne crut pouvoir prendre un repos mérité au Bordj d'El-Kherroub. Elle n'était plus que de 1.200 hommes, ce n'est que grâce à l'endurance et au sang-froid des troupes que l'ennemi fut toujours tenu en échec.
-----Le général ne se doutait pas alors du coup terrible que nos armes venaient de porter à l'insurrection : le bach-agha Mokrani était mort.
-----Vers une heure de l'après-midi, au plus chaud de l'action, on avait bien aperçu un grand mouvement parmi les masses ennemies éparpillées sur les tentes qui dominent l'Oued Soufflat. Voici ce qui venait d'arrivait, d'après le Journal Officiel de cette époque qui relate ces évènements :