ETUDE HISTORIQUE SUR LA VILLE D'AUMALE - Période Française
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PERIODE FRANÇAISE - 4
-----Lallemand et sa petite troupe quittèrent le Bordj vers le milieu de la nuit, après avoir épuisé tous leurs approvisionnements et arrivèrent le lendemain vers deux heures de l'après-midi à Aumale.
-----Après leur départ le Bordj fut incendié par les insurgés ; il fut plus tard, construit à leurs frais. Une plaque de marbre placée à l'entrée relate ces événements.
-----Pendant ce temps, le 22 éclatait à Aumale une néfag (insurrection) qui ne fit aucune victime européenne ; seuls les commerçants mozabites et israélites furent malmenés ; elle n'eut pas de conséquence plus graves, grâce à l'attitude énergique de la population qui, en quelques instants, aidée par les pompiers et quelques mobiles, déblayèrent la ville.
-----Les colons étaient entrés se mettre à l'abri des remparts, sauf un nommé Veillon (ferme Bordier), qui fut lâchement assassiné ainsi que sa femme ; seule, une enfant de trois ans, échappa en se cachant à une mort certaine. Trois jours après seulement on apprenait le drame et la fillette en faisait le triste récit ; elle est en France mariée à un cultivateur.
-----Autour d'Aumale, la situation devenait de plus en plus inquiétante, les fermes abandonnées par les colons étaient pillées et incendiées.
-----Le lieutenant-colonel Trumelet, certain de l'infidélité des caïds des environs d'Aumale, qui au nombre de douze, avaient reçu de la part de Bou-Mezrag des lettres les engageant à la rébellion contre les autorités, les fit arrêter ainsi que l'agha des Arib, Yahia ben Ferhat, son frère Mohammed ben Chennaf, caïd des Béni-Amar. Quelques jours après, c'était le tour du caïd d'Ain-Bessem, Si Hamed ben Kouider.
-----Le 28 mars, Aumale recevait comme renfort 300 zouaves et tirailleurs, 4 escadrons des 1er 9° chasseurs d'Afrique 59 hommes et l'officier d'artillerie 18 hommes, 5 officiers du train, soit en tout, 30 officiers 720 hommes caporaux brigadiers et sous-officiers, 463 chevaux et mulets.
-----Le 31 mars, Bou-Mezrag était signalé à Teniet Ouled Daoud à l'Est d'Aumale, entre le Bordj de Bouira et El Esnam point de convocation assigné dans ses lettres aux -caïds ; celles qu'il avait écrites à Si Bouzid, agha de Bouira et au caïd des Ouled Bellel, furent remises par leurs destinataires au commandant.
-----Le lieutenant-colonel Trumelet prévenu, envoyait aussitôt d'Aumale, le 6 à 9 heures du soir, un goum de 150 chevaux commandés par l'interprète Guin et le sous-lieutenant de spahis El Issère, pour protéger le convoi de vivres et de munitions destiné aux Bordj de Bouira et d'El-Esnam. Ce goum surprit un poste ennemi près d'El-Esnam, lui tua cinq hommes et en blessa sept.
-----Le 7, un nouveau convoi de vivres à destination d'EI-Esnam, qui était dépourvu d'eau et se composant de 40 cavaliers, fut organisé ; ces derniers apprenant que tes insurgés entouraient le Bordj, s'arrêtèrent à Bouira, où il déposèrent leurs vivres.

-----Le lieutenant-colonel Trumelet décida une seconde expédition qui partit le 9 avril forte d'un goum de 400 cavaliers, sous le commandement du capitaine Cartairade, du Bureau Arabe, deux escadrons du 1er chasseurs d'Afrique et d'une section d'ambulance, sous le commandement du capitaine Ulrich du 1er chasseurs. Ces forces quittèrent Aumale vers 2 heures de l'après-midi et arrivèrent sans encombre à Bouira à 9 -heures du soir. Elles repartirent le lendemain matin à 7 heures pour El-Esnam, emmenant avec elles le convoi du 8 resté à Bouira.
-----Elles arrivèrent vers 9 heures dans la plaine d'El Betta où un contingent ennemi fort de 6 à 700 cavaliers de Bou-Mezrag franchit l'Oued Zaïan et nous attaqua avec furie. Après un combat de deux heures livré en partie dans les broussailles et les touffes de lentisques, nous constatâmes malheureusement la mort du maréchal des logis Castaing du 9° chasseurs, du sous-lieutenant Nicolas du 1er chasseurs, nous avions huit blessés.
-----Le goum avait deux cavaliers blessés en tout, 6 chevaux tués, 3 blessés, 55 chevaux furent pris à l'ennemi.
-----Quant aux insurgés leurs pertes étaient élevées : 90 tués environ et un grand nombre de blessés.
-----Après avoir approvisionné le Bordj et laissé prendre à la source distante de 150 mètres, l'eau nécessaire, la colonne se dirigea sur Aumale, où elle effectua son entrée le 11 à 4 heures du soir, sans autre incident.
-----Le général Cérez qui, à la tête de la colonne qui a conservé son nom, vint prendre la direction des opérations de notre région, n'était pas un inconnu pour les Algériens. Il avait été pendant deux ans premier adjoint à la direction des affaires indigènes d'Oran ; au moment de la guerre il était commandant supérieur du cercle de Laghouat.
-----Sa colonne fut organisée à Alger, le départ eut lieu le 9 avril, elle arriva à Aumale le 15 à neuf heures du matin avec un effectif de 3.420 hommes, officiers compris, mais l'effectif à la date du 20, ne fut pas plus que de 2.784 hommes, 164 officiers, 875 chevaux, 4 pièces rayées de montagne, en raison du départ des hommes appartenant aux territoires annexés par l'Allemagne (à partir du 15 avril, l'effectif des troupes de la division d'Alger tomba à 16.000 environ).
-----Tous les chefs indigènes nommés plus haut furent relâchés et suivirent tous les mouvements de la colonne, seul, Yahia ben Ferhat, agha des Arib, qui continuait à donner des marques de duplicité, ne fut pas relâché. Il tenta de s'évader dans les premiers jours d'avril, un cheval tout sellé l'attendait dans un fondouk. Le commandant prévenu, put déjouer cette tentative qui, si elle avait réussi aurait pu avoir des conséquences graves, les Arib en insurection n'attendant que l'arrivée de leur chef.
-----Les goums et les tribus du Nord et de l'Ouest. nous servirent avec fidélité, seules les tribus de l'Est, les Ouled Msellem, Béni Intacem, Ouled Salem et Béni Amar, suivirent le mouvement insurrectionnel sous l'influence de Bou-Mezrag.