-----A
onze kilomètres au sud-est, aux Ouled Slama, les vestiges d'un
poste romain sont encore bien conservés, une tour centrale d'où
on pouvait apercevoir au loin le pays, existe sur une hauteur de trois
mètres. Les environs de ce poste sont semés de ruines attestant
l'existence d'une population qui s'était installée sous
sa protection. Les indigènes désignent cet endroit sous
le nom de RORFA.
-----En
372 Firmus, fils du chef Berbère Nubel, souleva les tribus des
Monts Ferratus (Djurdjura) contre l'autorité de Rome, battit les
légions romaines et brûla Julia Caesaréa (Cherchell).
-----Le
comte Romanus (Gouverneur de l'Afrique) se ligua secrètement avec
les tribus du désert contre les provinces qu'il avait mission de
protéger.
-----L'empereur
Valentinien 1er envoya le comte Théodose, grand maître de
la cavalerie, avec quelques troupes de sa garde pour combattre le rebelle.
-----Le
général débarqua à Igilgilis (Djidjelli) se
rend à Sétifis, où Firmus, apprenant son arrivée
et la réputation d'homme de guerre qui le précédait
lui offrit de se soumettre et de déposer les armes. Théodose
accueillit ses propositions de paix mais sans suspendre ses opérations
militaires ; la suite justifia cette sage précaution car au moment
où Firmus promettait la paix et l'envoi d'otages, deux de ses frères,
Maszicel et Mazucca à la tête chacun d'un corps de troupe
considérable, s'avançaient pour le soutenir.
-----Théodose
ne lui en donna pas le temps. Les Maures acceptèrent le combat
mais furent battus ce qui amena une seconde soumission de Firmus ; effrayé
il livra des otages, mais d'un autre côté, il continua à
fomenter la guerre en distribuant des sommes considérables aux
soldats romains.
-----A
Caesaréa, Théodose ayant été avisé
de sa perfidie, se porta immédiatement à Sugabarri (près
d'Affreville), surprit un corps de transfuges et les emmena prisonniers
à Tigavie, les deux chefs furent décapités. Théodose
s'occupa alors de rompre la ligne formée à grands frais
par l'ennemi et ne se laissa pas gagner par de vaines promesses faites
par les Baiures, les Cantaviens,. les Avastomates, etc
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-----Firmus,
effrayé du danger d'une défection, se sauva au loin dans
les montagnes des Caprariens. Théodose dévasta aussitôt
leur camp abandonné, installa des chefs dévoués sur
les tribus qu'il soumit. Sur son passage il se rendit maître de
la place de Conta, d'où Firmus s'était enfui à son
approche pour aller se réfugier chez les Issafliens (tribu des
environs d'Auzia).
-----Théodose
les attaqua de nouveau et s'enfonça dans les montagnes des Jubalènes,
patrie de Firmus et de Nubel. Là, les difficultés du terrain
l'arrêtèrent. Il revint au château d'Auzia, où
il reçut la soumission des Iessaliens ; il apprit que Firmus revenait
avec une armée de vingt mille combattants ar Igmacen.
-----Dès
qu'il aperçut Théodose, ce dernier courut à sa rencontre
avec une faible escorte dissimulant ainsi son armée : "D'où
viens-tu ? Qui es-tu ? Que viens-tu faire ici ?" lui dit arrogamment
Igmacen. Je suis, répondit le comte Théodose, général
de Valentinien 1er, monarque de l'univers. Il m'envoie ici poursuivre
un brigand sans ressources. Remets le moi à l'instant et sois assuré
que si tu ne m'obéis pas, toi et ton peuple disparaîtrez
sous la terre. Ces paroles n'intimidèrent pas le chef barbare qui
parut avec son armée, battit les Romains et entra victorieux à
Sétifis.Théodose s'enfuit à son tour et vint s'enfermer
dans le Castellum Auziensé, fort hexagonal d'Ain-Bessem, dont on
voit encore quelques vestiges (ferme Zehler) à environ 800 mètres
au nord du village.
-----Enfermé
dans ce fort il tint tête plusieurs mois à l'ennemi, après
s'être échappé, il finit par des mouvements détournés
à rejoindre Sétifis.
-----Enfin,
dans une dernière entrevue, le chef Igmacen se décida à
traiter secrètement de l'enlèvement de Firmus qui s'était
réfugié dans le Castellum Auziensé.
-----Firmus,
averti par un espion du danger qui le menaçait se pendit dans son
refuge. Son corps fut transporté sur un chameau au château
de Subicarra, près duquel campait Théodose qui rentra triomphalement
à Sétifis avec sa dépouille après trois années
de guerre (an 375).
-----Théodose,
ce héros africain qui avait conservé à Rome cette
province mourut décapité à Carthage, victime de fausses
accusations sur l'ordre de l'empereur Gratien. Ce fut la récompense
décernée à ce vaillant guerrier.
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