"Et
le sport"
----Le
sport était vraiment le parent pauvre d'Air de France, pour la
bonne raison qu'il n'y avait pas de terrain aménagé et encore
moins de gymnase ou de salle dédiée à ces types d'activités,
excepté une salle de sport (située probablement près
de l'endroit où sera édifié plus tard le CEG Baranès),
qui était tenue par les époux VANI (orthographe non garantie).
Jean-Jacques Ledjam s'est souvenu de cette salle qu'il fréquentait
avec son frère Fernand dans les années 1950-1954 : "C'était
une grande villa, qui comportait, à l'extérieur, sur le
devant, une piscine toute en longueur pour apprendre à nager, et
un grand bac à sable, avec un portique et un plongeoir pour apprendre
le plongeon acrobatique. Nous étions retenus par un système
de cordes et de poulies que Monsieur VANI faisait fonctionner. A l'intérieur
de la maison, en rez-de-chaussée, il y avait une grande salle de
gym, avec tatami et appareils de musculation (de l'époque). Derrière
la maison, se trouvait un terrain avec piste de course et divers appareillages
de gym (échelles etc...). Quant à l'emplacement exact, c'est
plus difficile, mais nous y allions à pieds avec mon frère...".
----Il y avait certes les deux terrains de
jeu de boules que nous avons évoqués dans le chapitre "cafés
et jeux de boules" : celui du CBB (Club Bouliste de Bouzaréah)
au Café des Pins (Ordinez) et celui du BCAF (Boules Club d'Air
de France) à l'angle de la rue
du Bourbonnais et de la rue
du Béarn.
----Au début des années 1950,
un éphémère terrain de football fut aménagé
(pas en pelouse gazonnée mais en tuf bien dur qui écorchait
les genoux !) sur la route de Béni-Messous (route de la Tourelle)
près de la laiterie Djaffer, sur lequel se déroulaient,
le dimanche matin, les matchs opposant les équipes visiteuses à
celle de l'U.S.B.
(Union Sportive de Bouzaréah) qui, par dérision et par
référence aux deux couleurs jaune et noir du maillot, était
irrévérencieusement affublée du sobriquet "les
cocus en deuil" (notamment par ceux qui ne pouvaient en faire partie).
Ce terrain de football était englobé dans un domaine militaire
et disparut, vers le milieu des années 1950, sous les lames des
bulldozers et des niveleuses lors de la construction de l'École
des Transmissions (E.M.A.T.).
----Heureusement
il y eut le C.A.F. !
----Monsieur Détrez, le directeur de
l'école mixte d'application d'Air de France, eut le mérite
(sans "sponsor" et vraisemblablement sans subventions) de créer,
d'animer et d'entraîner avec son épouse, au début des
années 1950, un club de volley-ball auquel il donna très naturellement
le simple nom de "Club d'Air de France" (ou C.A.F) et qu'il dota
d'un fanion aux armes de la ville de Cambrai dont il était originaire,
représentant un aigle à deux têtes.
Les
débuts du C.A.F.
cliquez
sur la photo pour l'agrandir |
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1950
: Les débuts du C.A.F. |
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Vers
1952, l'effectif complet du C.A..F. avec le fanion |
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----D'abord
uniquement féminin (les filles Poisot, Paulette Serer, Antoinette
Pérez, et bien entendu Danièle Détrez furent parmi
les toutes premières à rejoindre le club), ce club était,
vers 1956, fort d'au moins trois équipes dont une masculine (avec
José Esteller et peut-être un des fils Djaffer, les autres
joueurs venant du nouveau lotissement le "Parc de Miremont") et
une équipe de benjamines (avec Marcelline et Francine Tabet, Viviane
Détrez et d'autres
)
Les
équipes du C.A.F.
cliquez
sur la photo pour l'agrandir |
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Les
débuts du C.A.F. |
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Les
benjamines en 1952 |
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Les
cadets, 3ème du championnat en 1953-54 |
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----Lorsqu'elles
avaient gagné un match, les filles chantaient "c'est nous les
Africaines qui revenons de loin
" (note du site : pourquoi
pas "c'est nous les CAF...ricaines qui revenons de loin" ?)
et parlaient de leur étendard représentant l'aigle à
deux têtes.
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En
1953, dans la cour de l'école, l'équipe féminine
"première" du C.A.F.
Passez
la flèche sur les visages, si elle se transforme en petite
main, vous pourrez découvrir le nom des sportives qui ont pu
être identifiées. |
----Ce
club représentait pour les enfants, les adolescents et les jeunes
gens du quartier une occasion quasi unique de se distraire et, pour certains
et surtout certaines, de sortir de leur maison où les tenaient enfermés
des parents, pères ou mères, exagérément soucieux
de leurs fréquentations et de leur réputation.
Faute de terrain réellement adapté à ce genre d'activité,
les entraînements qui se déroulaient, le plus souvent le jeudi
(il y avait classe le samedi, y compris l'après-midi), avaient lieu
dans la cour de l'école, équipée d'un filet tendu entre
deux poteaux amovibles et d'un tracé du terrain, à la peinture
blanche, sur le sol bitumé.
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L'entraînement
de l'équipe de garçons du C. A. F. (eh oui, certains
sont torse nu) sur le "terrain" de volley-ball dans la
cour de l'école. A gauche la 3ème classe (Monsieur
Astier) au fond, la 4ème classe (Madame Chandelier). A l'étage,
dans l'angle, l'appartement du directeur, Monsieur Détrez,
également fondateur, dirigeant et animateur du C.A.F.
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----Malheureusement
de très sérieux problèmes de santé devaient,
à la fin des années 1950, amener Monsieur Détrez à
renoncer à cette uvre et il ne se trouva alors personne pour
reprendre le flambeau.
---- Il est vrai que les soucis et les inquiétudes
occasionnés par les troubles, de plus en plus fréquents et
graves, liés aux "événements" faisaient alors
passer au second plan les éventuelles vocations d'animateur sportif
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